L’imagination comme expérience du monde, la dystopie comme modèle ?

Si l’imagination est une forme d’expérience au même titre que les déplacements physiques, les sensations corporelles, les émotions, les rencontres, alors l’imagination littéraire est une forme d’anti-chambre permettant au lecteur d’appréhender imaginairement un possible monde sien.

Pour Ronald Laing (The Politics of experience), l’imagination fait toujours partie d’un champ d’expérience, est une composante du monde vécu comme expérience, n’en est pas détachable. Inter-expériences.

En lisant pour la seconde fois Visite dans l’Hadès de Gunther Anders, j’ai songé de nouveau à ma réflexion sur la catastrophe individuelle qui prend le pas sur la catastrophe collective. Lorsque Gunther Anders évoque la nécessité de développer une imagination morale, il se place dans une dimension collective, or chaque individu est confronté à l’impossibilité et / ou l’incapacité d’imaginer la réalité devenue fantastique du monde, en raison du nombre vertigineux de morts causés par les actes humains (bombe atomique, camps de concentration, etc.). Anders suggère que l’imagination aujourd’hui doit « consister à nous hisser à la hauteur d’une réalité devenue effectivement fantastique, à nous hisser à sa hauteur pour la comprendre » et « puisque son objet – la réalité fantastique – est imaginaire, l’imagination doit fonctionner comme une méthode empirique, comme un organe perceptif approprié à ce qui est effectivement énorme, comme un outil, qui, à la différence des yeux, n’est pas lié à une partie du corps et pour cette même raison n’est pas limité par l’insuffisance de ce dernier, et n’a donc pas leur myopie »(Visite dans l’Hadès, p.36/37). L’imagination est une puissance individuelle, une puissance propre à chaque individu, de la même manière que les outils de la perception évoqués par Anders sont des organes individuels. Plus loin, Anders définit la notion d’imagination (en revenant sur le sublime de Kant) comme la capacité de saisir ensemble, de comprendre, un divers ou une grandeur dans une même image en tant qu’image.

Chaque individu construit donc une image d’un divers ou d’une grandeur. Lorsqu’un phénomène d’une ampleur telle que les camps de concentration ou les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki est imaginé dans ses conséquences en nombre de morts par les individus, l’image créé ne peut comprendre cette grandeur. Du moins c’est ainsi que je comprends ce défaut d’imagination décrit par Anders. Cependant, lorsqu’il évoque la notion d’imagination morale, il inscrit l’imagination dans une dimension qui n’est plus du seul ressort de l’individu et ne rend donc pas l’individu seul responsable de sa faillite. Comment dès lors construire cette imagination morale collective là où l’imagination est avant tout une forme d’expérience individuelle ?

Ce à quoi j’ai songé, c’est aux dystopies post-apocalyptiques, à la dimension empirique de l’imagination telle que définie par Ronald D. Laing, et à la notion de résilience, évoquée dans un article rédigé par Olivier Steiner, écrivain, dans Libération et lourdement critiquée par Thierry Ribault dans son ouvrage, Contre la résilience. J’ai songé de nouveau également à la tribune d’une étudiante dans Médiapart qui implorait l’administration (des universités et de l’État plus largement) de ne plus souligner la difficulté psychologique des étudiants, les renvoyant vers des cellules d’aide individuelle pour faire face à la situation épidémique, à leur solitude, aux cours en ligne, à leur précarité.

L’un des aspects de ma recherche est la mise en parallèle de la catastrophe individuelle avec la catastrophe collective. Dans les dystopies que j’étudie, qu’il s’agisse de I Am Legend, Pique-Nique au Bord du Chemin ou The Quiet Earth, la catastrophe collective advenue est donnée à voir par l’intermédiaire de l’expérience personnelle d’un personnage principal. Dans le cas de Richard Matheson et de son roman publié en 1954 I Am Legend, l’épidémie vampirique à l’échelle planétaire est synonyme pour Robert Neville, le « dernier » survivant, de disparition d’un monde d’habitudes, d’une forme de vie et d’existence, de sa famille dans les décombres de ce qui auparavant constituait son monde (voir le texte d’Anders « une interprétation de l’a posteriori »). Il s’agit là de la description d’une catastrophe personnelle comme conséquence de la catastrophe globale avec une forme de responsabilité directe limitée de Neville dans cette dernière ou du moins la compréhension du rôle joué dans l’avènement de cette catastrophe au même titre que l’ensemble de la population [et l’élément singulier de sa propre survie et non-contamination du fait d’avoir été soldat mordu par une chauve-souris et immunisé]. Dans le cas des frères Strougatski, et de Pique-nique au bord du chemin, la catastrophe est la survenue d’une visite extra-terrestre qui laisse sur terre des traces incompréhensibles et pourtant au centre de l’attention humaine. Redrick Shouhart, personnage principal, est l’un des rares humains en mesure de traverser la zone, là où sont passés les extraterrestres, et à pouvoir en revenir vivant. Mais cette traversée a un coût : son enfant subit des mutations ; sa peau se couvre d’un pelage (Note à moi-même : retrouver la référence de l’enfant de soldat anglais ayant assisté à un bombardement atomique et dont les poils poussent) et elle perd le langage. Agissant dans la clandestinité, Redrick s’enfonce au plus profond de la zone pour y trouver un objet réputé exaucer les vœux. Pour y parvenir, il doit sacrifier la vie de l’enfant d’un autre Stalker (ceux qui vont et viennent dans la zone pour y recueillir des objets extra-terrestres à destination du marché noir et au risque d’y perdre la vie) qui l’accompagne. Il finit par souhaiter une seule et même chose pour tout le monde « Du bonheur pour tous ! ». Là encore la catastrophe à l’échelle collective n’est pas le fait d’un seul individu mais a des répercussions sur toutes les vies individuelles. Insuffisamment disruptive pour modifier les structures mêmes des pouvoirs en place (politique, économique, militaire et scientifique), puisque ses anomalies sont intégrées à la marche du monde comme si elles avaient été créées par l’humain, la zone n’en démontre pas moins l’aveuglement de l’humanité devant ce qu’elle ne comprend pas. La société s’effondre de l’intérieur, sombre dans l’oubli, mais réfute à l’individu les conséquences de la catastrophe, son expérience de la catastrophe et les moyens mis en œuvre pour y survivre. Redrick Shouhart est l’un des acteurs de cette catastrophe, dans le sens où la catastrophe n’est pas tant la venue des extraterrestres, que l’incorporation de leur monde, de résidus de leur monde, dans le nôtre sans la moindre hésitation ou limite, si ce n’est celle des personnes ou institutions en mesure de faire ces incorporations : l’armée, les marchés, les scientifiques. Les populations ont interdiction d’accéder à la zone alors qu’un grand nombre d’entre elles y habitaient auparavant. Shouhart est un acteur de cette catastrophe car il contribue légalement dans un premier temps, puis clandestinement par la suite à la propagation des artefacts trouvés dans la zone. Il participe plus activement que Neville à la catastrophe dont il est victime par ailleurs. Mais là encore sa contribution met en évidence l’hypocrisie des dirigeants, des médias, de l’armée et des scientifiques : livré à sa seule expérience du monde de la zone pour survivre dans un monde hors-zone, il ne peut exister ni dans un monde (il doit gagner de l’argent pour sa famille, mais pas de travail en dehors de celui qu’il pratique illégalement) ni dans l’autre (il lui est interdit d’aller dans la zone, et va en prison s’il se fait prendre et par ailleurs il ne pourrait pas survivre dans la zone s’il essayait d’y rester au-delà du temps nécessaire pour récupérer des artefacts). De plus, partir d’Harmond, ville où a eu lieu la visite extra-terrestre, est synonyme de malchance pour tous ceux qui ont essayé. Apparaissent dans ces deux premiers romans la dimension de la responsabilité collective dans l’avènement de la catastrophe à grande échelle. L’échelle collective, pour reprendre ma remarque sur Anders, étant celle à laquelle peuvent se développer les racines d’une imagination morale. Cette échelle collective est le plus souvent absente des descriptions romanesques. Elle n’est pas le cœur de la fiction et ne surgit qu’épisodiquement dans les souvenirs de Neville le survivant de I am Legend, les soliloques et conversations de Richard Nounane ou encore les interventions de scientifiques à la radio dans Pique-Nique au bord du chemin. Peut-être y-a-t ’il dans cet écart-là la force la plus profonde de ces romans. En premier lieu, on y lit en creux, ou plutôt on imagine, ce qui aurait pu se passer différemment si telle décision de déclarer la guerre n’avait pas été prise, si telles armes n’avaient pas été employées, si la fascination mortifère et le caractère inébranlable de la forme de pensée qui meut la société et ses structures n’avait pas été opérantes devant l’inconnu et l’incompréhensible et/ou l’insaisissable. Ici un autre roman, Solaris de Stanislas Lem, offre une autre perspective plus intéressante encore sur le caractère obstiné d’un rapport au monde que l’on pourrait qualifier de cannibale, c’est-à-dire une vision humaine du monde où tout peut être digéré par l’homme et recraché sous forme catégorisable, fonctionnelle voire et surtout organique. Cette tentation d’aliénation par l’homme de ce qui lui est parfaitement étranger, renvoie pour Stanislas Lem à la propre capacité d’oubli de l’homme, d’oubli de ce qui le meut profondément à l’échelle individuelle et qui constitue à l’échelle collective une forme de mémoire totale visant à recouvrir le monde [élargi à l’univers et aux planètes lointaines où existent d’autres formes de vie]. Il me faudra revenir sur cette première forme de l’écart où peut se plonger le lecteur. Par ailleurs, cet écart est également celui de l’impensé, de l’in-imaginé collectif, passerelle entre l’imagination individuelle et l’imagination morale, d’ordre collectif avant tout. Qu’est-ce qui dans cette absence, qu’il s’agisse de lieux de vies ou de liens de vies collectives, rend visible l’impossible imagination collective ?

Le troisième roman de ma sélection, The Quiet Earth, présente de la même manière une catastrophe collective à l’échelle globale, la disparition de l’ensemble de la population de Nouvelle Zélande, et probablement du monde, à l’exception d’un individu John Hobson, narrateur et personnage principal. Cependant à la différence des deux premiers romans, la part que prend Hobson dans la catastrophe globale est bien plus importante et l’équilibre ou plutôt le lien entre catastrophe collective et catastrophe individuelle est inversé. Hobson est un scientifique, marié avec une femme rencontrée à l’université, père d’un enfant qui se révèle autiste. Un jour qu’il en a seul la garde, il décide de le laisser se noyer, lisant depuis très longtemps dans les yeux de son fils l’envie de mourir. Il n’en dit rien à personne, et au retour de sa femme prétexte s’être absenté momentanément pour prendre une serviette lorsque le drame est arrivé. Mais la mort de son enfant marque la fin de son mariage. Par ailleurs, membre d’une équipe scientifique travaillant sur des expérimentations secrètes ayant trait à l’ADN, il développe une certaine paranoïa à l’égard de son principal collègue et supérieur hiérarchique, et se voit contraint à prendre des vacances dans une station balnéaire. Lorsqu’il se réveille le premier jour de ses vacances, la population a disparu. C’est sur cette disparition que commence le roman. L’individu au centre de la fiction, de survivant de la catastrophe, va vite prendre un autre rôle, celui de responsable. A mesure que Hobson explore son pays dont il semble être le seul survivant, il remonte le fil de sa mémoire pour trouver les possibles causes d’une telle catastrophe : ce qu’il y trouve est à l’articulation de sa propre histoire. Incapable de surmonter sa culpabilité, sa paranoïa, il a créé les conditions de la catastrophe et provoqué une expérimentation ayant entraîné la disparition de la population.

L’idée n’est pas de mettre en avant ici une évolution dans le temps du rôle de la catastrophe personnelle dans la catastrophe planétaire ; mais de souligner les différentes formes de contribution de la catastrophe personnelle à la catastrophe collective. Dans le roman de Craig Harrison, même si un doute subsiste in fine sur la réalité de ce que vit Hobson et la possibilité que ce ne soit qu’une intériorité, la catastrophe personnelle vécue par Hobson est à l’origine de la catastrophe globale. Son incapacité à surmonter la perte de son enfant, sa propre responsabilité, puis la réussite de son collègue et sa propre paranoïa, le poussent à agir, à créer les conditions de possibilité d’une catastrophe globale. Dès lors la catastrophe individuelle est à l’origine de cette dernière. Là encore la vision semble binaire. D’un côté la responsabilité individuelle, de l’autre la catastrophe collective. Entre les deux une vacance, une absence, un écart.

Plusieurs choses caractérisent donc ces romans.

1 – l’individu est l’échelle que l’on oppose à la catastrophe globale dans la narration. La catastrophe n’est pas prise en charge à l’échelle de sa condition de possibilité qui n’est pas l’échelle individuelle : ni dans l’imagination autour des conditions de son avènement, ni une fois advenue (L’imagination morale est-elle une clé ?). Dans le film Tenet, le personnage du « Méchant » tenu par Kenneth Brannagh fait penser à celui de Hobson. Il meurt d’une maladie incurable, mais dans sa mort il veut entraîner le monde avec lui. Cependant, tant dans le roman de Harrison que dans le film de Nolan, l’implication dans la catastrophe ultime n’est qu’un degré. Les conditions de possibilité de la catastrophe sont déjà là et c’est en tant qu’individu déjà saisi de ces conditions que leur implication prend la fonction de gâchette ultime.

2 – Dans l’écart entre les deux dimensions, se joue une forme d’absence, de représentation en négatif, en creux de la réalité sociale, collective, ou interrelationnelle vécue par l’individu en question.

3 – L’individu tente de recourir à sa mémoire ou à son oublié pour en trouver les causes de la catastrophe (Solaris, The Quiet Earth, I am Legend…) ou pour affronter la réalité de la catastrophe (I am Legend, Pique-Nique au bord du chemin). Dans les quatre romans, la remémoration et l’impossibilité de se souvenir sont la principale forme de rapport au monde disparu ou monde d’avant. Shouhart par exemple a une mémoire cartographique et empirique. Son expérience est celle de la carte mais elle n’a d’impact que dans la zone et ne peut être donnée à entendre à personne. Cela fait écho au traumatisme de guerre ou aux formes de mémoire locales propres à des « communautés » fermées sur elles-mêmes (à approfondir).

4 – La catastrophe individuelle, quelle qu’elle soit, a toujours un lien avec la catastrophe collective mais le degré de causalité entre la première et la seconde varie.

5 – Dans ces dystopies, les personnages principaux, survivants, ne sont pas des héros, des êtres résilients, ils sont des miroirs. Les élever à une forme héroïque, relève de l’enfouissement même du sens de leur action et de leurs propos.

En parallèle de cette réflexion à prolonger sur la dimension collective de l’expérience de la catastrophe et donc de sa possible remémoration sociale, par le biais notamment de la construction d’une imagination morale, il y a également l’idée d’une absence des corps [en dehors du corps du survivant et de sa volonté de se souvenir qui passe par le corps, le déplacement, les sens…] dans la mise en place d’une mémoire collective. Il ne s’agit pas tant là d’un corps social, d’un corps de peuple constitué par l’addition des corps individuels et leur indifférenciation dans ce corps devenu horde ou meute, mais de corps individuels formant dans leurs liens entre eux une forme de relation mémorielle ou remémorielle, réapprenante. La lecture d’Anders m’a fait songer à cela : lors de son retour à Breslaw, Anders constate l’insuffisance des formes de rappel au souvenir dans les rues de la ville [Visite dans l’Hadès, p.114], notamment en constatant qu’une rue était dédiée à la mémoire des victimes assassinées à Auschwitz. Aucun monument ne lui semble en mesure de rendre compte de l’ampleur de l’horreur. Et Gunther Anders de conclure : « Cette rue devrait être comme un livre ouvert. Toute maison devrait avoir pour frontispice une grande photo. Une photo montrant les cadavres, ou les fours, ou la montagne de valises. Ou la pile de cheveux coupés. Ce faisant, elle rendrait son nom légitime. Nous pourrions alors espérer que ceux qui passent par cette rue se figent en un effroi sacré ». La forme de remémoration que propose Anders est collective en quelque sorte et elle implique une reproduction à l’échelle de la rue en hommage aux victimes d’un parcours historique, empirique jusqu’à la confrontation à la mort ou presque puisque l’effroi suggéré par Anders, l’effroi sacré, est en quelque sorte la répétition du traumatisme vécu par les victimes avant leur mise à mort, ou de celui des personnes ayant survécu aux coups et à la perspective d’être annihilées. Il y a là l’idée d’une remémoration en mouvement où les corps ne sont pas réduits à leur simple visuel (sans jamais que cela ne dure) potentiellement happé par le nom de la plaque d’une rue. Il s’agit de mettre les corps en mouvement dans un couloir symbolisant et donnant à voir dans chacune de ses parties (maisons) la réalité et l’horreur des camps. Certes la vue serait le sens privilégié là encore, mais chaque fois que le regard se détournerait d’une photo, il ne pourrait échapper à une deuxième, puis à une troisième puis une autre encore jusqu’à la sidération religieuse recherchée. Il s’agit de faire entrer en résonance avec une expérience passée de la confrontation à une annihilation programmée, sélective mais indifférenciée, l’expérience de badauds qui traverseraient cette rue). La mise en mouvement, la marche ordinaire, le déplacement quotidien vers un but ordinaire se heurteraient à une répétition d’interruptions, de blocages, de points de fixation. Le déplacement se vêtirait en quelque sorte des oripeaux du passé. Mais bien plus encore. Chaque pas dans le présent est un pas avec ce qui a construit le présent tel qu’il est. Chaque mouvement si libre d’ordinaire, si anodin est traversé d’une perception à laquelle nul.le ne peut échapper de ce qui a rendu possible ce présent sous sa forme actuelle, ou du moins d’une partie essentielle de sa matière constituante. Chaque pas en avant est également un pas à travers les temps. Ce n’est pas un regard vers le passé, c’est un regard en même temps dans le présent en train de se faire, et la matière organique, sociale, territoriale, politique etc de ce qui a conduit à ce présent là en train de se faire. C’est un regard qui guide et qui arrête. Le mouvement est constitué de cette matière invisible mais présente, désormais (par le biais de ce couloir) devenue visible mais absente. Le mouvement, le déplacement ne peut se défaire de scènes manquantes mais omniprésentes dans la ville.

Cependant, là encore, chaque personne est livrée seule à la réalité de l’horreur du présent, et sa sidération n’est pas gage de remémoration ; instiller la peur, l’effroi religieux, n’est-il pas ce qui interdit toute pensée de l’expérience vécue, créant une forme de sidération, de soumission impuissante et par conséquent d’oubli ? Ce qui se transmet dès lors n’est-il qu’une forme actualisée du traumatisme ?

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